Handicapés victimes du nazisme

Entretien Charles Gardou, anthropologue, professeur à l’université Lumière-Lyon 2  

La Croix : Combien de handicapés ont été victimes du nazisme ?
Charles Gardou : Selon le tribunal international de Nuremberg, 275 000 enfants ou adultes affectés d’une déficience mentale ou physique ont été exterminés dans le cadre du programme Aktion T4 mis en place en Allemagne par Hitler dès son arrivée au pouvoir. Par ailleurs, 400 000 personnes ont été stérilisées de 1933 à 1945, en incluant les territoires annexés par l’Allemagne, et 6 000 sont mortes à la suite de ces stérilisations. En France, il n’y a pas eu de plan systématique d’extermination sous le régime de Vichy. Mais on avance le chiffre de 50 000 morts dans les hôpitaux psychiatriques des suites d’abandon, de manque de soins, de sous-alimentation et de maltraitances diverses.
Quel a été le fondement de la politique d’extermination en Allemagne ?
C. G. : C’était vraiment l’idée qu’il fallait protéger le peuple de ce que représentaient les êtres génétiquement inférieurs, au nom de l’hygiène de la race comme avec une ordonnance médicale.
On prônait l’élimination des épileptiques, des infirmes, des malades mentaux, des malades héréditaires… Il y avait en plus tout un endoctrinement de la population à très large échelle. Cela a entraîné les mêmes effets pour le peuple juif ou le peuple gitan…
Dans le contexte actuel, on a besoin de développer une intelligence collective de la fragilité, parce qu’on peut être pris par des fantasmes de puissance et de performance qui font oublier les plus vulnérables.
Recueilli par PASCAL CHARRIER

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