Recréer un monde plus solidaire, en éduquant à la citoyenneté, est le fond d’un article de Mireille Tremblay, professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
« Une seule fierté m’habite : être un homme [une femme] avec des droits et des devoirs égaux, partager la même condition, ses souffrances, ses joies, son exigence » (A. Jollien, Le métier d’homme. Paris, Seuil, 1999, p. 35). Bien que la reconnaissance des droits humains ait marqué l’évolution de nos politiques sociales, certains groupes accusent un retard important concernant l’exercice de leurs droits.
C’est pourquoi l’ONU adoptait, en 2006, sa convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH), présidant à la reconfiguration des rapports entre la société civile, l’État et les personnes en situation de handicap.
Comme le suggère Jean Guy Lacroix (J.-G. Lacroix, Pour une nouvelle éthique de l’émancipation, dans : Tremblay, G. (éd) L’Émancipation, hier et aujourd’hui : perspectives françaises et québécoises, Presses de l’Université du Québec, Québec, 2009.), cette reconfiguration doit s’inspirer d’une éthique de la citoyenneté, selon laquelle nous avons tous et toutes des droits, des devoirs et des obligations les uns envers les autres. Nous aspirons à nous émanciper et à nous affranchir de toute forme de contrainte, d’oppression, de domination qui fait obstacle à notre développement et à une existence libre.
Cette émancipation entretient des liens étroits avec la démocratie garante de nos droits, une démocratie toujours en mouvance, sujette au changement et ouverte à la critique « L’émancipation appelle donc aujourd’hui et demain, comme ce le fut hier, à un nouvel humanisme, à une nouvelle éthique de l’existence, de l’être, du rapport au monde » écrit J.-G. Lacroix dans l’ouvrage déjà cité.
Il s’agit en quelque sorte d’une politisation de la relation au handicap en tant que représentation et construction sociale balisée par des lois, règlements et politiques publiques.
Mais cette mutation n’est pas possible sans l’acquisition et le développement de compétences civiques, sans une éducation à la citoyenneté démocratique (ECD).
Ainsi dans le cadre d’un Programme International d’Éducation à la Citoyenneté Démocratique (PIECD), nous avons développé, en collaboration avec des groupes locaux de différents pays de la francophonie, réunissant des usagers, des professionnels et des chercheurs, un programme de formation-recherche et action visant la prise de conscience, l’émancipation et l’exercice des droits des personnes en situation de handicap.
Le PIECD propose une réflexion sur les enjeux relatifs aux expériences des personnes concernant l’exercice de leurs droits, les situations et les obstacles auxquels elles sont confrontées et, enfin, les pistes de réflexion, de recherche ou d’action collective et solidaire, susceptibles d’accroître l’exercice d’une citoyenneté active et gratifiante… La Croix 26 09 14.
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