Extraits de : Libre opinion de Bruno Dardelet, ancien président national d’associations caritatives et humanitaires.
En France, on compte 1, 3 millions d’associations. Et tout confondu, près de 13 millions de bénévoles. Leurs motivations sont connues : faire société, vivre ensemble, participer à la cohésion sociale. Plus encore, être utile. Et servir d’autres. Avec pratiquement autant de femmes que d’hommes, ils militent au sein de secteurs ciblés (31% caritatif, 25% loisirs, 23% sports). Et même si les retraités forment la plus forte représentation, il est intéressant de noter ces dernières années une plus grande mobilisation des 35-64 ans.
Et loin de la morosité ambiante, cette cohorte de volontaires désireux d’être utiles et de rendre service ou de soutenir une cause vient comme un antidote flagrant à la crise : il n’y a pas de crise chez les bénévoles…ou pas forcément celle que l’on croit ! …Habitués à pouvoir compter sur cette entité généreuse, plutôt docile et heureuse d’exister, bien des responsables associatifs oublient que les bénévoles sont plus que des outils à la disposition de leur cause… Du coup, parce qu’ils ne disent pas grand-chose, ne sont pas trop exigeants, et que la perte de cet engagement militant pourrait les écarter définitivement de la vie en société ou d’une relative cohésion sociale, les bénévoles – plutôt souples – travaillent dans un secteur qui leur va bien, même si nombre d’entre eux apprécieraient d’être mieux ou plus associés à la vie de l’organisme qu’ils soutiennent.
Pire, certains dirigeants, souvent plus autocrates que militants, se séparent d’eux sans ménagement. Ces serviteurs de l’inutile deviennent des militants « kleenex » : jetables, souvent par une simple saute d’humeur qui ne devrait pas exister dans ce contexte, et surtout pas sans une franche et sincère explication ou une véritable concertation fraternelle. Ce qui manque trop souvent, et à tort…
Parce qu’ils sont fragiles, ces bénévoles ne demandent rien de plus qu’une once de reconnaissance. Pas de médaille ni de discours (et pourquoi pas ?...) mais juste un peu d’amour et d’amitié sincères, juste ce mot qui réconforte et encourage…
C’est fragile un bénévole. Comme tout être humain qui attend de ceux qui le conduisent qu’ils le reconnaissent d’abord comme un être humain, capable de désir et de partage fraternel. Et qui, comme ceux qu’il sert, attend un regard, un sourire, un geste de fraternité…
On aimerait que là aussi, et plus encore dans le secteur associatif, on sache pratiquer à l’occasion une relecture de l’engagement. Au-delà des statuts et des règlements…
Il est temps de redonner une vraie considération à tous ces bénévoles sans qui la France profonde ne pourrait plus exister, tant au niveau des structures associatives, des collectivités locales, que de l’Etat. Ils devraient bien s’interroger, ensemble, pour savoir comment vivrait notre pays si, d’aventure, quelque 13 millions de nos concitoyens se retiraient de leur bénévolat… La Croix décembre 2014.
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