Des chercheurs ont réussi à faire remarcher des rats paralysés à la suite d’une lésion de la moelle épinière. Mais transposer cette avancée à l’homme risque d’être long.
Un travail interdisciplinaire entre chimistes, électroniciens, biologistes et mathématiciens, français, russes, américains et italiens, est parvenu à restituer la fonction locomotrice à des rats dont la moelle épinière avait été lésée.
« Nous avons inventé une technologie combinant une stimulation électrique et une libération de molécules, des neurotransmetteurs, pour réveiller les neurones situés au-delà de la lésion de la moelle épinière », explique Stéphanie Lacour, jeune professeur française à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) (Suisse).
UN DISPOSITIF MÉDICAL MINIATURE
En 2012 déjà, Grégoire Courtine, Français et co-auteur de l’étude, professeur à la chaire de réparation de la moelle épinière à l’EPFL, avait réussi, également sur des rats, à combiner impulsion électrique et diffusion de substances pharmacologiques. Mais il ne disposait pas d’un dispositif médical miniaturisé.
Cette fois-ci, les chercheurs ont conçu un implant à base de silicone au sein duquel ont été installés de très fins films conducteurs en « or craquelé », des électrodes constituées de microbilles en platine, ainsi qu’une micro pompe programmée pour injecter des gouttes de neurotransmetteur (sérotonine) en différents endroits de la lésion et à divers moments. Des ingrédients d’une taille variant entre quelques dizaines de nanomètres et quelques micromètres.
UNE POSSIBLE APPLICATION À L’HOMME ENCORE LOINTAINE
Le matériau de base de l’implant étant plus souple que celui des dispositifs électriques existant déjà, cette neuroprothèse entraîne peu d’inflammations ou de rejets. « Chez le rat, aucun effet indésirable n’a été constaté au bout de deux mois d’expérience, et les rongeurs ont retrouvé leur aptitude à la marche après quelques semaines d’entraînement », précise la chercheuse.
Applicable à la surface du cerveau, elle pourrait aussi être utilisée pour traiter l’épilepsie, Parkinson ou la douleur. Les chercheurs veulent passer aux essais cliniques sur l’homme.
Un chemin encore long à parcourir, notamment dans la mise au point d’un système de micro batterie électrique (comme pour un pacemaker) et d’un système de communication sans fil.
« Il s’agit d’une avancée technique, une preuve de principe, par rapport à leurs travaux de 2012 mais qui, pour l’instant est inapplicable à l’homme, réagit Alain Privat, neurobiologiste à l’Inserm de Montpellier. Car, comment maîtriser la sécrétion du neurotransmetteur pour que la conduction nerveuse se fasse au bon moment ?» Il y a encore du chemin avant qu’on puisse refaire marcher des hommes.
Selon La Croix du 13 01 15.
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